Nous avons fait parvenir ce courrier aux candidats à la région Bretagne

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Objet : demande positionnement gestion du Blavet

Le 30 mai 2021

Madame, Monsieur

Tête de liste ….

Candidat(e) à la Présidence de la région Bretagne

 

 

 

Nous sommes le collectif Blavet 2050 réunissant des citoyens et des associations.

Nous avons le plaisir de vous faire parvenir ce courrier sur l’avenir du Blavet et commençons par rappeler quelques éléments d’histoire et de contexte. Avec l’ambition que cette voie d’eau contribue au développement de la Bretagne intérieure, débutés en 1795 et réalisés sur une période de 30 ans les travaux initiaux liés à la canalisation (construction de 28 barrages) de la rivière du Blavet avec une hauteur de chute de 1m20 furent inaugurés en 1825 et ensuite, avec l’arrivée des péniches, porté à 1m60 afin d’en augmenter le tirant d’eau.

Très vite les aménagements se sont avérés peu efficaces et supplantés successivement par le rail et la route. Certains ont une valeur patrimoniale mais ont des impacts significatifs sur la ressource en eau et la biodiversité. La navigation de plaisance à moteur, si l’on s’en tient à la moyenne des passages comptabilités aux écluses y est particulièrement faible.

Le transfert des voies navigables de l’Etat à la Région Bretagne s’est opéré en 3 phases : la compétence d’aménagement et d’exploitation en 1990, la propriété en 2008, les agents de l’Etat le 1er janvier 2010.

Lors de sa session de juin 2018 le Conseil régional a approuvé les principes d’une unique stratégie régionale de développement et de valorisation de ses voies navigables – Le canal de Nantes à Brest (Vallée de l’Erdre, L’Oust, Le Blavet, Le Doré, Le Kergoat, l’Hyères et l’Aulne) – La liaison Manche-Océan (Vilaine, Canal d’Ile et Rance) – L’Aff navigable – Le Blavet – essentiellement basé sur la navigation fluviale et en précisant « que toute action de gestion hydraulique et tout effacement d’ouvrage (débarrage) qui aurait un caractère préjudiciable à l’intégrité des infrastructures seraient incompatibles avec la volonté régionale ».

Le Blavet canalisé de l’aval de Guerlédan à Lorient jalonné de 28 écluses sur 59km et un dénivelé de 53,92m n’est pas directement connecté au canal de Nantes à Brest (Lac de Guerlédan) et se prolonge par 17km de Blavet maritime jusqu’à Lorient.

Avec le dérèglement climatique annoncé et les changements déjà constatés (prolifération des plantes envahissantes par exemple, impact plus extrême lié à une nouvelle pluviométrie, qualité de l’eau) le Blavet se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Bien que déjà sérieusement impacté il conserve encore, au moins sur une partie de son cours et sur ses affluents, un état écologique permettant la vie d’espèces migratrices endémiques et emblématiques comme le saumon atlantique (en danger critique d’extinction), l’anguille, la lamproie marine, l’alose et le Brochet tous classés ‘vulnérables’ dans la liste rouge de l’UICN.

Ces impacts négatifs risquent d’être amplifiés puisque depuis 2020 certains acteurs publics ou privés, portent des projets de réalisation de centrales hydroélectriques et d’ascenseur à bateaux ce qui reviendraient, si leurs projets aboutissaient à artificialiser définitivement le Blavet ayant pour effet une perte de biodiversité irréversible.

La directive cadre sur l’eau (DCE) promulguée en l’an 2000 vise à donner une cohérence à l’ensemble de la législation pour une politique globale de l’eau. Elle demande d’atteindre le bon état chimique et écologique de l’eau et proscrit toute altération supplémentaire des « masses d’eau ». Une première évaluation a conduit à son classement dérogatoire en masse d’eau fortement modifiée (MEFM) dans le cadre de la DCE. C’est la navigation qui a prévalu pour ce classement.

Pourtant, de grands engagements ont été pris dans la Charte de l’Environnement dès 2020. Bien d’autres ont suivi, souvent sans résultats probants sur le terrain, puisque la perte de biodiversité des milieux aquatiques d’eau courante n’est pas enrayée. C’est pourquoi, partout en France des collectifs et associations se mobilisent pour préserver les cours d’eau. Néanmoins, les actions exemplaires de préservation des milieux aquatiques restent rares et isolées. Nous pouvons citer à l’échelle nationale les effacements ou transformations profondes de grands barrages inadaptés sur le Sélune, l’Allier ou, en Bretagne, la restauration exemplaire du Léguer. Or, la DCE demande une réévaluation du classement des masses d’eau à l’occasion de la révision en cours du SDAGE, le Schéma Directeur et de Gestion des eaux porté par l’agence de l’eau Loire Bretagne. La gestion de l’eau doit se faire en coordination avec la politique d’aménagement du territoire. Le développement économique touristique et de loisir axé sur les cours d’eau doit intégrer la DCE.

Conscient de ce point d’inflexion et de l’imminence d’un risque d’effondrement écologique encore plus important, nous proposons donc, sur une base d’une gestion plurielle et différenciée en adaptant progressivement les infrastructures existantes et avec une évaluation précise de leurs incidences sur le milieu aquatique, une autre vision afin de participer à une autre destinée pour le Blavet, plus porteuse d’espoir, d’adhésion de ses riverains et gestionnaires, de la communauté d’acteurs et de citoyens engagés pour la préservation des milieux aquatiques :

  • 1er temps : Affirmer qu’aucune construction de nouveaux ouvrages d’art (dont centrales hydroélectriques) n’est possible
  • 2ème temps : Décliner avec les élus de la Région et de l’ensemble des collectivités du Morbihan une stratégie novatrice visant à permettre la restauration de son écosystème,
  • 3ème temps : Proposer ensuite pour sa voie d’eau (en sus d’actions terrestres à développer sur les maisons éclusières et le chemin de halage ainsi que sur le patrimoine arboré) un nouveau modèle économique et écologique compatible (type Dordogne par exemple)
  • Sensibiliser, informer, délibérer et éduquer pour transmettre ce bien commun aux générations futures

Par ses actions exemplaires, comme la création de l’Agence Bretonne de la biodiversité et celle plus récente, en décembre 2020, de la fondation Bretonne pour la préservation de l’environnement Breizh Biodiv, la Région Bretagne est terre d’innovations pour répondre aux besoins nouveaux, aux enjeux actuels. Le projet « Blavet 2050 » qui s’inscrit logiquement dans cette transition écologique et économique peut contribuer et aider à faire évoluer les politiques publiques. La Région Bretagne doit être à la pointe comme elle l’est dans d’autres domaines. C’est dans cet esprit que le collectif souhaite fédérer et travailler.

Vous êtes candidat(e) à la présidence de la Région Bretagne et nous aimerions qu’à ce titre vous puissiez nous faire connaître, d’une part, votre avis et celui de votre liste sur nos propositions pour la future gestion par la Région Bretagne du Blavet de l’aval de Guerlédan à Hennebont, ou d’autre part, s’il existe, nous transmettre votre propre projet sur ce sujet.

La présente lettre sera publiée sur notre site Internet et sur les réseaux sociaux. Votre réponse, dont nous vous remercions par avance, sera transmise, dès réception, aux membres du collectif Blavet 2050 et diffusée sur les mêmes médias.

En cette attente recevez nos cordiales et respectueuses salutations.

 

Pour les membres du collectif Blavet 2050

XXXX

Membre

contact@blavet2050.fr

PJ : Plaidoyer du Collectif pour une gestion différenciée du Blavet

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Comme vu avec les listes, nous afficherons et communiquerons leur réponses dans l’ordre chronologique de réponse